Les politiques publiques en faveur des véhicules à très faibles émissions
Publié le 8 juin 2018
le développement du véhicule électrique est une réelle opportunité industrielle… à condition de l’accompagner dans la durée par des politiques publiques volontaristes. C’est une des conclusions du rapport de France Stratégie.
Avec pour objectif ambitieux la neutralité carbone à l’horizon 2050, le Plan Climat prévoit de mettre fin à la vente des voitures émettant des gaz à effet de serre, c'est-à-dire les voitures thermiques, d’ici 2040. Une révolution pour la filière automobile qui représente près de 5 000 entreprises, 500 000 salariés et 2,3 millions d’emplois induits en France. Bonne nouvelle : le développement du véhicule électrique est une réelle opportunité industrielle… à condition de l’accompagner dans la durée par des politiques publiques volontaristes. C’est une des conclusions du rapport que France Stratégie vient de remettre au ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire et à la ministre chargée des transports, suite à la mission d’étude des politiques publiques engagées à l’international en faveur du véhicule "propre". Un rapport qui tombe à point nommé : le contrat stratégique de la filière automobile signé mardi 22 mai 2018 avec le gouvernement vise une multiplication par cinq des ventes de véhicules 100 % électriques et la mise en place de 100 000 bornes de recharge d'ici 2022.
Une opportunité industrielle qu'il ne faut pas manquer
Pour France stratégie, le véhicule électrique est une réelle opportunité industrielle pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’il s’agit d’un marché d’avenir concurrentiel. Avec des ventes annuelles en progression de 60 % par rapport à 2016, le parc automobile électrique dans le monde représentera des dizaines de millions de véhicules en 2030 et un marché de plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année. La Chine représente déjà 50 % des ventes mondiales pour un marché concentré dans huit pays (Chine, États-Unis, Japon, Norvège, Royaume-Uni, France, Allemagne et Suède).
Ensuite parce que nous sommes à un tournant technique qui va permettre de parcourir de plus longues distances. Fini le temps où voiture électrique rimait avec petits trajets du quotidien. Les progrès récents des batteries au lithium ont non seulement divisé leur coût par deux mais également augmenté leur autonomie pour des parcours qui devraient atteindre 400 km à partir de 2020, avec une recharge de 80 % de la capacité en vingt-cinq minutes.
Enfin, parce que le développement de la voiture électrique relève d’innovations qui auront des effets d’entraînement potentiellement puissants. Ainsi les batteries pourront rendre des services au réseau électrique, en fournissant à terme de l’énergie dans la maison ou au réseau en cas de pic de consommation.
Les expériences étrangères
Mais comment orienter et stimuler l’investissement dans cette direction ? Pour répondre à cette question, France Stratégie a passé en revue huit pays engagés dans des politiques volontaristes en faveur du véhicule "propre" (l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Espagne, la Norvège, les États-Unis, l’Inde et la Chine) avec pour objectif d'identifier les politiques publiques et les incitations qui marchent.
Trois zones dans le monde sont parvenues à ce que les véhicules électriques dépassent les 10 % des ventes de voitures neuves : la Norvège, les villes chinoises de Pékin, Shanghai et Shenzhen, et une trentaine de villes californiennes. Un chiffre à comparer aux 3 % enregistrés dans les villes françaises ou allemandes. Dans ces trois zones, le développement du véhicule électrique résulte de politiques publiques reposant sur des incitations financières élevées et durables qui compensent le surcoût du véhicule électrique, ainsi que sur des avantages indirects (gratuité des péages autoroutiers pour les véhicules électriques, accès gratuit aux parkings munis de bornes de recharge, tarifs de stationnement différenciés entre véhicules thermiques et électriques…). Dans deux zones, des quotas de vente de véhicules électriques sont imposés aux constructeurs.
France Stratégie recommande donc que la France poursuive sa politique de bonus-malus et d’incitations en faveur du véhicule électrique, tant que son coût sera supérieur à celui du véhicule thermique. Ces aides pourraient être modulées en fonction de l’autonomie réelle du véhicule électrique, voire des revenus. Le rapport insiste aussi sur la nécessité d’équiper les véhicules hybrides rechargeables d’une autonomie électrique d’au-moins 60 km pour pouvoir effectuer les trajets du quotidien et ne pas rouler majoritairement en mode thermique. Il préconise également de soutenir fortement la Recherche & Développement considérant que l’essor de la filière automobile et de ses emplois passe par des mesures de politique industrielle en faveur du véhicule électrique. L’effort devrait porter prioritairement sur les prochaines générations de batterie ainsi que sur les nouveaux moteurs et matériaux, recyclage, mécatronique, numérique et intelligence artificielle.
Une autre préconisation centrale porte sur le déploiement des bornes de recharge. Dans la perspective d’un parc de véhicules électriques de 3 à 4 millions d’unités d’ici une quinzaine d’années, il s’agit de doter massivement de bornes les autoroutes, la voirie et les parkings publics mais aussi les garages et les parkings des immeubles collectifs. Des projets d’équipement qui doivent être entrepris entre le secteur public et les différents acteurs privés concernés.
Enfin, parce que le véhicule électrique ne prendra son plein essor que lorsqu’il sera accessible aux ménages aux plus faibles revenus, le rapport préconise de soutenir le développement de véhicules low cost, la création d’un marché de l’occasion et l’équipement en bornes de recharge du parc de logements sociaux.
Note de synthèse France Stratégie
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