Diesel : au-delà de la fiscalité qui augmentera de 2,6 centimes chaque année pendant quatre ans, quel sens donner à cette mesure ?
Publié le 24 mars 2018
Laurent Hecquet, directeur général de AM&P et du MAP était invité à débattre mardi 12 septembre sur RTL dans l’émission Les Auditeurs ont la parole, animée par Christelle Rebière et Stéphane Carpentier, sur l'augmentation de la taxe sur le diesel.
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Dans le cadre de l’annonce faite en septembre par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie de l'augmentation de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) de 2,6 centimes par litre de gazole "chaque année pendant quatre ans", Laurent Hecquet, directeur général de AM&P et du MAP, l’Observatoire des experts de la mobilité, était invité à débattre mardi 12 septembre sur RTL dans l’émission Les Auditeurs ont la parole, animée par Christelle Rebière et Stéphane Carpentier.
Est-ce une mesure de bon sens ?
« Elle n’est pas surprenante puisque les débats existent depuis 5 à 10 ans. Le contexte est plus favorable aujourd’hui ; l’opinion publique a évolué vis-à-vis du diesel et le contexte économique est favorable également avec un prix du baril relativement bas (55 $ contre 100 $ il n’y a pas si longtemps).»
Quel impact sur le portefeuille des automobilistes ?
« C’est à relativiser. Si l’on se prête à un petit calcul, sur une base de 15 000 kilomètres par an pour un diesel qui consomme 7 litres/100 cela fera une augmentation de 27 euros HT par an soit 32 euros TTC. Ramené au mois c’est 2,70 euros ! Au bout de quatre années il y aura un rééquilibrage et un différentiel de 63 euros par an soit 5,25 euros par mois. Je pense que c’est une somme relativement modérée. »
On vante depuis des années les mérites du diesel et d’un coup « stop » ?
« C’est le grand débat sur le diesel. Les constructeurs s’interrogent sur ce que sera leur mix énergétique dans le futur mais aujourd’hui nous avons près de 19 millions de véhicules diesel dans le parc roulant. Cette taxation n’est pas une mesure qui dissuadera les français d’utiliser le diesel tout simplement parce que le diesel reste plus compétitif que l’essence lorsque l’on compare le rendement énergétique entre un moteur essence et un moteur diesel : on consomme moins de gasoil ou de diesel pour faire le même kilométrage. Ceux qui l’utilisent aujourd’hui pour de longs kilométrages continueront à le faire. (...)
Un véhicule neuf intègre de nouvelles technologies et de nouvelles contraintes et des systèmes de dépollution qui coûtent de plus en plus chers, ce qui peut dissuader d’utiliser un diesel si vous n’en n’avez pas l’usage. Sur des petits kilométrages et des courts trajets il est préférable d’avoir un moteur essence moins coûteux à l’entretien. Le diesel a encore de l’avenir pour les gros rouleurs et les flottes d’entreprise car le poste carburant est de toute façon moindre qu’un poste essence. Cette mesure ne sera pas dissuasive pour les propriétaires actuels qui ne vendront pas leur diesel pour acheter une essence nouvelle génération qui coûtera plus cher à l’achat.»
Un parc diesel roulant pendant encore 10 à 15 ans
"On est dans une volonté d’évolution mais on achète aujourd’hui ce qu’il y a sur le marché, donc des moteurs thermiques. Même si les constructeurs font des efforts de développement vers les nouvelles énergies, est-ce que ce sera l’électrique ? le gaz méthane qui peut être une solution crédible au mix énergétique ? Quand on travaille avec les ONG sur ces grandes thématiques, il n’y a pas de certitude. On progresse vers des moteurs de plus en plus propres et performants mais il n’y aura pas UN type de véhicule mais plusieurs énergies au catalogue. En attendant même si les ventes de diesel sont descendues sous la barre des 50%, on va encore avoir dans le parc roulant des véhicules diesel pendant 10 à 15 ans.
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